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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/300

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IV

Ils partirent… Ils passèrent des dunes dont le sable plus fin que celui de la mer étincelait au soleil rude de l’hivernage. Ils traversèrent d’anciens lits de rivières depuis des siècles desséchés. Ils franchirent des plaines noires où nulle herbe n’a pu pousser.

Le pas indolent du chameau berçait le rêve. Chez presque tous les Français, c’était d’un grand repos, quelque part dans la patrie, et c’était d’une petite maison, parmi des vignes ou des futaies, près d’un ruisseau paisible, ou bien au bord des rivages mouillés des mers du Nord. Une petite maison, comme dans Jean-Jacques, avec des volets verts, un foyer à soi, avec une bonne femme et de beaux enfants, et quelques chiens pour chasser, une carriole… C’était du pays, de la petite patrie, de l’air lumineux du sol natal… Ils pensaient aux cimes des peupliers où joue le soleil, à quelque sieste animale près d’une eau courante…

Pourtant Maurice se plaisait dans cette