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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/301

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aridité. Aucun travail humain n’y apparaît. Ni figures ni musique ; nul paradis artificiel. Mais on s’y habitue ; on craint presque le jour où il faudra revoir cet adorable Grand Trianon. Nulle beauté charnelle, nul délassement des sens. On est forcé de croire à l’esprit. Pour un peu, l’on penserait que la métaphysique n’est pas une invention des philosophes.

Voici plus de deux ans que durait ce tourisme passionné. Ce que Maurice trouvait ici de plus beau, c’était Nangès, occupé à son grand œuvre, sur la route droite, — mais elle n’était pas tracée, et c’étaient les pas des chameaux qui la faisaient sur le sable.

Pourtant le jeune homme voulait de cette terre spirituelle tirer tout le parti possible. — Une fois, il s’aventura dans les dunes du Ouaran. Il était tard. Soudain un rideau lourd s’abattit. C’était la nuit. Et voilà qu’un rythme obsédant possédait le jeune homme :

Le Temps, l’Étendue et le Nombre
Sont tombés du noir firmament…

Le Temps, l’Étendue et le Nombre !.. Grands et beaux vers que ceux-là qui rejaillissent en