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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/315

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sombre se rétrécir. Son guide le réveilla. Timothée vit près de lui sa longue barbe et ses yeux luisants. D’un geste de son bâton, le vieux Maure lui montrait une aire aride où des sarments avaient brûlé.

— C’est là, dit-il.

La troupe s’arrêta en silence. Nangès descendit de chameau et, sous les étoiles glacées, frissonna. Un moment, l’on entendit les cris plaintifs des méharas. Puis les hommes se couchèrent et Nangès lui-même s’étendit sur sa natte.

Or, dans la pénombre anxieuse du rêve, un étrange spectacle le cloua sur place. Non loin de lui, un grand jeune homme de sa race se tenait debout et se chauffait les mains à un grand feu. Timothée se demanda s’il rêvait et se frotta les yeux : « Allons, c’est la fatigue », se dit-il. Mais l’inconnu s’avançait vers lui, la main tendue :

— Bonjour, mon capitaine, enchanté !

Et il ajoutait :

— Vous cherchez sans doute cette bande de pillards. Je sais où ils sont. Venez.

L’air était devenu très froid. Nangès se leva et suivit l’ombre qui semblait voler devant lui, Tout d’un coup, il se trouva au bord d’une immense falaise qui tombait à pic sur un gouffre. Pourtant Timothée, à la lumière des