Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/316

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étoiles, vit à droite un promontoire, et devant lui, tout au fond de l’horizon, une ligne blanchâtre et incertaine. Il s’était complètement ressaisi.

— Je me reconnais, dit-il d’une voix un peu blanche, dans ce paysage romantique. Voici à notre droite, si je ne me trompe, le tarf de Chered et devant nous, très loin, les dunes de l’Iguidi qui commencent.

— Oui, dit l’inconnu. Et vos gens sont là, dans le bas de cette pente abrupte. Vous les surprendrez demain, embusqués dans les roches qui encombrent le bas de cette montagne. Ce sera une belle journée.

L’inconnu prit Nangès par le bras et le ramena auprès de son feu. Tous deux semblaient absorbés dans la plus sombre méditation. Le capitaine parla le premier.

— Permettez-moi, dit-il, de me présenter. Capitaine Nangès, de l’artillerie coloniale…

— Lieutenant Timoléon d’Arc, de la garde, répondit l’inconnu.

— Timoléon d’Arc… répéta lentement Nangès. Mais…

— Oui, reprit le jeune homme, l’ami du comte de Vigny. Je suis heureux que vous me connaissiez…