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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/326

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balle est allée frapper Maurice à la cuisse. Nangès se porte en tête :

— En avant, crie-t-il. Qu’il n’en reste pas un ! Tuez-les tous !

Maurice, très pâle, se lève, et il retombe. Deux partisans l’entourent. Les autres en avant halètent d’épuisement. Puis la fusillade s’arrête. Devant nos gens, plus rien. Les derniers fuyards ont disparu derrière un promontoire de la montagne.

C’est fini. Ils sont tout seuls, à se taire parmi les morts. Maurice contemple le décor. À gauche, c’est la terre noire, nue, dévastée, — le Baten, — à droite, la muraille sombre fait une sorte d’hémicycle… Il est tard. Il faut que Nangès coure aux épaves du combat et fasse enterrer les morts.

Tandis qu’il s’occupe de Maurice, vingt hommes, dans une crique paisible entre les rocs, grattent la terre et font des fosses. Ils y déposent les jeunes guerriers enveloppés dans leurs gandourahs trempées de sang, collant aux corps aplatis. Ils apportent des pierres dont ils font des clôtures. Nangès, abruti, entend les Maures qui saluent leurs amis défunts :

— Que notre Seigneur t’accompagne, Ali !…