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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/332

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ser une quinzaine de jours. Rien n’y était changé, naturellement. L’auberge était là, devant l’école, et les mêmes chasseurs dans l’auberge, les mêmes clients. Les mêmes bruits, les mêmes pensées. Il était arrivé un dimanche. Les cloches sonnaient. Celles de Crécy répondaient à celles de Voulangis. Certainement, celles de la Chapelle devaient répondre à celles de Crécy, mais elles étaient trop loin pour qu’on les entendît. Certainement, les cloches devaient se répondre ainsi, d’un bout de la France à l’autre, de commune en commune, de paroisse en paroisse, et ainsi, à la même heure, jusqu’à Rome même… Les gens entraient à la grand’messe. Maurice était cloué sur place. Comme il venait d’effleurer des rêves troubles, comme il avait senti ce mystérieux frémissement de l’Islam, il lui fallait se ressaisir. Il avait besoin de ce simple tableau. Maintenant, il le pouvait comprendre.

— C’est égal, se dit-il, on peut ne pas être très pratiquant. On peut même ne pas faire ses pâques. On peut même n’être pas croyant. Mais on se sent bien avec ces humbles chrétiens, quand on arrive de là-bas.

Il se laissait reprendre avec joie par sa terre