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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/336

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teaubriand, avant de s’embarquer pour la Terre Sainte, rappelle les adieux de Joinville : « Et ainsi que je allois de Bleicourt à Saint-Urban, qu’il me falloit passer auprès du chastel de Jonville, je n’osé oncques tourner la face devers Jonville, de paeur d’avoir trop grant regret et que le cueur me attendrist. »

Mais le pèlerin de 1806 ajoutait : « En quittant de nouveau ma patrie, je ne craignis point de tourner la tête comme le sénéchal de Champagne : presque étranger dans mon pays, je n’abandonnais après moi ni château ni chaumière. » Comme lui, Nangès vivait trop dans la splendeur de ses rêves pour qu’aucun bien de la terre le retînt encore.

Sa mère achevait paisiblement, au milieu de vieilles miniatures et d’objets du passé, une vie digne et sereine. Les heures qu’il passait dans cette petite maison de Passy étaient le seul réconfort du capitaine, le seul remède à son immense dégoût de toutes choses.

Souvent aussi il allait voir Servat, mais c’était pour aviver, au contact de ce grand solitaire, son orgueil, la haine du faux, du truqué, du stuc et du plâtre.

— Décidément, disait Timothée au vieil