Aller au contenu

Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pourtant quand Timothée revint de Paris et qu’il reprit sa vie de garnison, monotone et incurieuse, il eut plus de soin de sa maîtresse, et recommença de s’intéresser à elle. Il jouait aussi au bridge où il excellait. Il montait beaucoup à cheval. Ces occupations composaient agréablement sa vie et l’endormaient dans un excès de santé, si l’on peut ainsi dire.

Vraiment, il se sentait de l’affection pour cette jeune femme, certes très supérieure à une prostituée et, en somme, suffisamment mystérieuse, comme le sont un certain nombre de courtisanes. Tous les jours, vers quatre heures, Valérie venait prendre le thé dans l’agréable cabinet de travail du capitaine. Un moment, cet homme étrange crut bien aimer la chevelure trop blonde, les yeux bleu gris de fer, les prunelles métalliques, les dents plates dans une belle bouche voluptueuse, de sa maîtresse. Même il en vint à prendre du goût à son esprit, à ses saillies souvent amusantes, à ses jugements étonnamment faux et charmants.

Mais un jour n’arriva-t-elle pas chez lui avec le dernier livre d’Hervieu sous le bras, et ne