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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/91

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l’on pût trouver. Ainsi cet homme habile savait-il toujours reprendre l’exact équilibre de son âme par une adaptation parfaite aux mille nécessités ou aux mille hasards de l’existence. Ainsi profitait-il adroitement de la moindre circonstance pour reconquérir la paix, qui lui tenait le plus au cœur, et pour rentrer dans l’ordre, au moment où son imagination venait de l’entraîner le plus loin.

Dans cette arrière-salle de café, il n’apportait rien des sels marins qui, pendant une heure, l’avaient imprégné ; il ne compromettait aucune des confidences qu’il avait reçues de la mer. Il ne faisait aucun transport, aucun charroi, mais sériait les questions et observait la distinction des genres. On peut dire que son esprit soufflait parfois en bourrasques ; pour qui le fréquentait, ce n’était qu’un léger et aimable zéphyr, incapable de violence, comme de toute saute brusque.

L’égalité de son humeur était surprenante. Nangès aimait à causer avec les jeunes gens, et son prestige sur eux était grand, il leur apparaissait comme un homme parfaitement heureux et qui avait su trouver le bonheur dans une constante sécurité de soi-même. C’est