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Page:Régnier - L’Amphisbène, 1912.djvu/287

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leurs, Mme Subagny est là pour le rappeler à l’ordre et pour le maintenir dans le respect des préceptes grâce auxquels M. Subagny peut toujours offrir à l’admiration conjugale sa magnifique « tête de médaille ».

Cette admiration a encore eu pour M. Subagny un autre effet. Le temps qu’il ne passe pas à sa conservation physique, il l’emploie le plus communément à faire reproduire, par tous les moyens connus, son effigie. Mme Subagny le guide également dans cette occupation. M. Subagny est le meilleur client des peintres, des sculpteurs, des graveurs et des photographes contemporains. Le nombre de bustes, de portraits, de plaquettes, de clichés que l’on a exécutés d’après lui est invraisemblable. M. Subagny a été plus peint, modelé, reproduit qu’un président de la République ou qu’un acteur en vogue. Son iconographie est considérable et Mme Subagny en est fière. Quant à M. Subagny il se prête avec plaisir à ces hommages rendus à sa personne. Il en a tellement l’habitude qu’instinctivement, même dans les circonstances les plus usuelles de la vie, « il prend la pose ». Le plus curieux c’est qu’en somme il n’a aucune vanité et qu’il est, au demeurant, le meilleur homme du monde. En soignant sa beauté il s’acquitte d’une fonction. Il s’en acquitte en conscience et sans fatuité. Que voulez-vous, physique oblige ! Il supporte patiemment les plaisanteries de l’insupportable Gernon. Ils ont été camarades de collège. Gernon en profite pour déclarer à Mme Subagny que, dans ce temps-là,