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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/194

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en poupée. Il se plaisait à la miniature minutieuse des fastes efficaces de sa vie. Hélas ! errant dans les somptueuses galeries, le long de ces eaux magnifiques, droit et rogue, attentif sans doute à soi-même, qu’avait-il réentendu du passé dans l’écho des salles, dans la voix des fontaines, sous les chênes mémoriaux, qui semblent, avec la structure de la vie, la voix même du Destin.

Les approches de la forêt annoncèrent celle du château. La route coupait des futaies admirables et contourna en levée un vaste étang. Des grenouilles y coassaient. Le triangle d’eau immobile, dallé, çà et là, par places, de nénufars, enfonçait sa pointe parmi les roseaux. A des ronds-points, d’un obélisque de marbre vert, irradiaient des routes en étoile. L’une d’elles, que nous suivîmes, s’élargit enfin en avenue, deux contre-allées la bordaient ; entre la quadruple rangée d’arbres le carrosse roula plus vite : je mis la tête à la portière.

Dans le crépuscule on apercevait le château ; il était massif et somptueux, monumental et délicat, avec ses fenêtres, ses frontons, ses combles. Les roues s’adoucirent sur le sable ;