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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/195

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une grille forgée ouvrait son passage entre deux bornes de pierre cerclées de cuivre. On traversait des potagers ; de petits bassins carrés luisaient comme le fer des bêches ; des bâtiments bas, avec des pots à feu sur leurs corniches, entouraient une esplanade circulaire dont le portail laissait voir la cour d’honneur, des arbres en caisses l’ornaient. On arrêta à un perron. Aux portières, des laquais haussaient des cires et l’un d’eux me précéda dans le vestibule. Tout y était déjà drapé de noir ; une grande lanterne de cristal balançait au plafond sa flamme crêpée, et le majordome, sa haute canne à la main, inclina devant moi, avec le tintement de sa chaîne d’argent, son front chauve.

Je logeais dans l’aile droite du château ; un candélabre brûlait sur ma table ; on y avait placé la liste des personnes déjà arrivées. Je la parcourais en attendant le retour du valet parti sur mon ordre s’enquérir auprès du nouveau duc de l’instant où il pourrait me recevoir. Les hôtes étaient déjà en nombre. Toute la parenté y figurait ; puis les amis du défunt, des dignitaires venus payer à leur collègue la redevance