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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/230

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qui, étant pauvre, lui avait suggéré d’être nue, elle s’avançait, grave et victorieuse d’avance de l’embûche de son Destin.

Toute la ville était en émoi de la cérémonie annoncée pour ce jour-là. La curiosité s’augmentait de ce que, si on connaissait le dur Seigneur par la rigueur de ses péages et de ses exigeantes redevances, nul ne savait qui allait, sa compagne, passer le portail de l’église avec lui.

L’Evêque avait été seulement prévenu d’avoir à parer son autel pour la circonstance et à ordonner ses plus belles liturgies, aussi, sans réplique au mandement impérieux du Châtelain, se tenait-il sur le parvis, mitré et crossé, en grand apparat avec ses chantres et tout son clergé, dès que les cloches eurent, par leurs volées, signalé l’entrée, dans les murs, du cortège. Le peuple, las d’attendre et de considérer les lumières allumées au fond du chœur, de compter les guirlandes tendues d’un pilier à l’autre et de nombrer l’entourage épiscopal, poussa des cris de joie quand il aperçut au bout de la grand’rue, au-dessus des têtes mouvantes,