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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/229

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dans l’enclos et des oiseaux venaient se poser sur les ormes et le toit d’où ils s’envolèrent, effrayés de cette approche et rassurés par le silence de la cavalcade qui se tenait immobile alentour : un vent léger frisait les plumes des panaches, rebroussait la dentelle des collerettes et éparpillait la crinière des chevaux, mais ce silence n’empêchait pas qu’un murmure eût couru dans les rangs que celle qui habitait là était bergère et s’appelait Héliade.

Le Sire descendu de sa monture s’agenouilla devant la porte et y frappa trois coups : l’huis s’ouvrit et l’on vit apparaître, sur le seuil, la Fiancée. Elle était toute nue et souriante. Ses longs cheveux s’appariaient à la couleur d’or des ajoncs fleuris ; à la pointe de ses jeunes seins, rosissait une fleur comme aux brins des bruyères. Tout son corps charmant était simple et l’innocence de toute elle-même telle que son sourire semblait ignorer sa beauté. A la voir si belle de visage les hommes qui la regardaient ne s’apercevaient pas de la nudité de son corps.

Ceux qui la remarquèrent ne s’en étonnèrent pas et à peine si deux valets se la murmurèrent entre eux. Ainsi, en l’ingénieuse ruse