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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/257

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HERMOGENE
A JEAN LORRAIN.

A l’entrée de la forêt je tournai la tête, et, la main sur la croupe pommelée de mon cheval, je m’arrêtai pour regarder, par-dessus mon épaule à travers les premiers arbres, le pays que je venais de parcourir et pour tâcher d’y apercevoir encore une fois la maison de mon maître Hermogène.

Elle devait être tout au bout de la morne plaine saumâtre et marécageuse qui étalait, au loin et à plat, le damier d’eau de ses salines où se réverbéraient aux flaques à fond rosâtre et cristallisé les rayons d’un soleil couchant. Il m’aveuglait car je l’avais en face de moi et toute cette terre craquante, traversée durant la moiteur d’une après-midi d’automne, n’était plus, à cette heure, qu’une étendue de brume dorée au-dessus d’un miroitement. La buée et l’éclat