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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/258

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s’en renforçaient au dehors de la forêt par la demi-obscurité qui sommeillait à l’intérieur du couvert.

De grands pins dressaient, d’un sol mat et feutré, leurs sveltes troncs ensoleillés à mi-hauteur et où l’ombre montait à mesure que le soleil descendait vers la mer. Je la distinguai, lisse à l’horizon au delà de la plaine rase et quadrillée de ces mares où, tant la salure de leur eau était tiède, avait refusé de s’abreuver mon cheval qui frappait doucement du sabot le terrain de bure du sous-bois en y faisant dérouler sur la pente les pommes de pin dont elle était jonchée.

Elles me rappelèrent celles qui brûlaient à l’âtre de mon maître Hermogène, l’autre soir que je maniais entre mes doigts leurs écailles délicates où scintillait une larme de résine, tandis que mon hôte, assis à mon côté, me racontait son histoire, si doucement que sa voix me semblait venir de moi-même et comme si c’eût été au fond de moi qu’il parlât.

Ah ! que souvent j’avais repensé à lui durant cette lente chevauchée par les petits sentiers grésillants, le long des salines paludéennes. La