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Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/141

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ce que seroit de faire. »

Alors manda sçavoir de cest affaire, et trouva pour vray qu’on avoit prins par force quelques fouaces de ses gens et que Marquet avoit repceu un coup de tribard sus la teste ; toutesfoys que le tout avoit esté bien payé et que le dict Marquet avoit premier blessé Forgier de son fouet par les jambes. Et sembla à tout son conseil que en toute force il se doibvoit defendre. Ce non ostant dist Grandgousier :

«  Puis qu’il n’est question que de quelques fouaces, je essayeray le contenter, car il me desplaist par trop de lever guerre. »

Adoncques s’enquesta combien on avoit prins de fouaces, et, entendent quatre ou cinq douzaines, commenda qu’on en feist cinq charretées en icelle nuict, et que l’une feust de fouaces faictes à beau beurre, beau moyeux d’eufz, beau saffran et belles espices pour estre distribuées à Marquet, et que pour ses interestz il luy donnoit sept cens mille et troys philippus pour payer les barbiers qui l’auroient pensé, et d’abondant luy donnoit la mestayrie de la Pomardiere à perpétuité, franche pour luy et les siens. Pour le tout conduyre et passer fut envoyé Gallet, lequel par le chemin feist cuillir près de la Sauloye force grands rameaux de cannes et rouzeaux, et en feist armer autour leurs charrettes, et chascun des chartiers ; luy mesmes en tint un en sa main, par ce voulant donner à congnoistre qu’ilz ne demandoient que paix et qu’ilz venoient pour l’achapter.

Eulx venuz à la porte, requirent parler à Picrochole de par Grandgousier. Picrochole ne voulut oncques les laisser entrer, ny aller à eulx parler, et leurs manda qu’il estoit empesché, mais qu’ilz dissent ce qu’ilz vouldroient au capitaine Toucquedillon, lequel affustoit quelque piece sus les murailles.