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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/156

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le tiers livre

rolles, ie vous en prie. Quand ie vous diz, s’il plaiſt à Dieu, vous fays ie tord ? Eſt ce mal parlé ? Eſt ce condition blaſpheme ou ſcandaleuſe ? N’eſt ce honorer le ſeigneur, createur, protecteur, ſeruateur ? N’eſt ce le recongnoiſtre vnicque dateur de tout bien ? N’eſt ce nous declairer tous dependre de ſa benignité ? Rien ſans luy n’eſtre, rien ne valoir, rien ne pouoir : ſi ſa ſaincte grace n’eſt ſus nous infuſe ? N’eſt ce mettre exception canonicque à toutes nos entreprinſes ? & tout ce que propoſons remettre à ce que ſera diſpoſé par ſa ſaincte volunté, tant es cieulx comme en la terre ? N’eſt ce veritablement ſanctifier ſon benoiſt nom ? Mon amy, vous ne serez[1] poinct coqu, ſi Dieu plaiſt. Pour ſçauoir ſur ce quel eſt ſon plaiſir, ne fault entrer en deſeſpoir, comme de choſe abſconſe, & pour laquelle entendre, fauldroit conſulter ſon conſeil priué, & voyager en la chambre de ſes treſſainctz plaiſirs. Le bon Dieu nous a faict ce bien, qu’il nous les a reuelez, annoncez, declairez, & apertement deſcriptz par les ſacres bibles. Là vous trouuerez que iamais ne ſerez coqu, c’eſt à dire que iamais voſtre femme ne ſera ribaulde, ſi la prenez iſſue de gens de bien, inſtruicte en vertus & honeſteté, non ayant hanté ne frequenté compaignie que de bonnes meurs, aymant & craignant Dieu, aymant complaire à Dieu par foy & obſeruation de ſes ſainctz commandemens : craignant l’offenſer & perdre ſa grace par default de foy & tranſgreſſion de ſa diuine loy, en laquelle eſt rigoureuſement defendu adultere, & commendé adhærer vnicquement à ſon mary, le cherir, le ſeruir, totalement l’aymer apres Dieu. Pour renfort de ceſte diſcipline vous de voſtre couſté l’entretiendrez en amitié coniugale, continuerez en preud’homie, luy

  1. Ferez. Lisez ſerez.