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chapitre xliii

cas aduenu meriter. Premierement vieilleſſe, ſecondement ſimpleſſe : es quelles deux vous entendez trop mieulx quelle facilité de pardon, & excuſe de mesfaict, nos droictz & nos loix oultroyent. Tiercement ie recongnois vn aultre cas pareillement en nos droictz deduict à la faueur de Bridoye, c’eſt que ceſte vnique faulte doibt eſtre abolie, extainde, & abſorbée en la mer immenſe de tant d’equitables ſentences qu’il a donné par le paſſé : & que par quarante ans & plus on n’a en ay trouué acte digne de reprehenſion : comme ſi en la riuiere de Loyre ie ieſtois vne goutte d’eaue de mer, pour ceſte vnique goutte perſone ne la ſentiroit, perſone ne la diroit ſallée. Et me ſemble qu’il y a ie ne ſçay quoy de Dieu, qui a faict & diſpenſé, qu’à ces iugemens de ſort toutes les præcedentes ſentences ayent eſté trouuées bonnes en ceſte voſtre venerable & ſouueraine court : lequel comme ſçauez veult ſouuent ſa gloire apparoiſtre en l’hebetation des ſaiges, en la depreſſion des puiſſans, & en l’erection des ſimples & humbles. Ie mettray en obmiſſion toutes ces choſes : ſeulement vous priray, non par celle obligation que pretendez à ma maiſon, laquelle ie ne recongnois, mais par l’affection ſyncere que de toute ancienneté auez en nous congneue tant deçà que delà Loire en la mainctenue de voſtre eſtat & dignitez, que pour celle fois luy veueillez pardon oultroyer. Et ce en deux conditions. Premierement ayant ſatisfaict ou proteſtant ſatisfaire à la partie condemnée par la ientence dont eſt queſtion. A ceſtuy article ie donneray bon ordre & contentement. Secondement qu’en ſubſide de ſon office vous luy bailliez quelqu’vn plus ieune docte, prudent, perit, & vertueux conſeiller : à l’aduis duquel dorenauant fera ſes proce-