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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/214

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le tiers livre.

dures iudiciaires. En cas que le vouluſſiez totalement de ſon office depoſer, ie vous priray bien fort me en faire vn præſent & pur don. Ie trouueray par mes royaulmes lieux aſſés & eſtatz pour l’employer & me en ſeruir. A tant ſuppliray le bon Dieu createur, ſeruateur, & dateur de tous biens, en ſa faincte grace perpetuellement vous maintenir.

Ces motz dictz, Pantagruel feiſt reuerence à toute la court, & ſortit hors le parquet. A la porte trouua Panurge, Epiſtemon, frere Ian, & aultres. Là monterent à cheual pour s’en retourner vers Gargantua. Par le chemin Pantagruel leurs comptoit de poinct en poinct l’hiſtoire du iugement de Bridoye. Frere Ian diſt qu’il auoit congneu Perrin Dendin on temps qu’il demouroit à la Fontaine le Conte ſoubs le noble abbé Ardillon. Gymnaſte diſt qu’il eſtoit en la tente du gros Chriſtian cheuallier de Criſſé, lors que le Guaſcon reſpondit à l’aduenturier. Panurge faiſoit quelque difficulté de croire l’heur des iugemens par ſort, meſmement par ſi long temps. Epiſtemon diſt à Pantagruel. Hiſtoire parallele nous compte lon d’vn Præuoſt de Monſlehery. Mais que diriez vous de ceſtuy heur des dez continué en ſuccés de tant d’années ? Pour vn ou deux iugemens ainſi donnez à l’aduenture ie ne me eſbahirois, meſmement en matieres de foy ambigues, intrinquées, perplexes, & obſcures.