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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/28

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Comment Panurge feut faict chaſtellain
de Salmiguondin en Dipſodie, & mangeoit
ſon bled en herbe.


Chapitre II.


Donnant Pantagruel ordre au gouuernement de toute Dipſodie, aſſigna la chaſtellenie de Salmiguondin à Panurge, valent par chaſcun an. 6789106789. Royaulx[1] en deniers certains, non comprins l’incertain reuenu des Hanetons, & Cacquerolles, montant bon an mal an de. 2435768. à. 2435769. moutons à la grande laine. Quelques foys reuenoit à. 1234554321. Seraphz : quand eſtoit bonne année de Cacquerolles, & Hanetons de requeſte. Mais ce n’eſtoit tous les ans. Et ſe gouuerna ſi bien & prudentement monſieur le nouueau chaſtellain, qu’en moins de quatorze iours il dilapida le reuenu certain & incertain de ſa Chaſtellenie pour troys ans. Non proprement dilapida, comme vous pourriez dire en fondations de monaſteres, erections de temples, baſtimens de collieges & hoſpitaulx, ou iectant ſon lard aux chiens. Mais deſpendit en mille petitz banquetz & feſtins ioyeulx, ouuers à tous venens, meſmement bons compaignons, ieunes fillettes, &

  1. Royaulx. « Ici nous voyons paraître, pour la première fois, des royaux ou francs à pied, belle monnaie d’or qui datait de Charles V et a fini avec Charles VII ; elle vaudrait 13 à 14 francs, et des seraph ou séraphins, monnaie d’or appelée en Égypte Scherafi et en Perse Scherefi. Elle représentait à peu près le besant. (V. Recueil des monnaies, par Salzade). » (Cartier, Numismatique, p. 346)