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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/334

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le qvart livre

Chiquanous ne parloit plus. Les Records s’excuſerent, qu’en daubbant ainſi n’auoient eu maligne volunté : & que pour l’amour de Dieu on leurs pardonnaſt. Ainſi departent. A demye lieue de là Chiquanous ſe trouua un peu mal. Les Records arriuerent à l’iſle Bouchard, diſans publicquement que iamois n’auoient veu plus home de bien que le ſeigneur de Baſché, ne maiſon plus honorable que la ſienne. Enſemble que iamais n’auoient eſté à telles nopces. Mais toute la faulte venoit d’eulx, qui auoient commencé la frapperie. Et veſquirent encores ne ſçay quans iours apres. De là en hors feut tenu comme choſe certaine, que l’argent de Baſché plus eſtoit aux Chiquanous & Records peſtilent, mortel, & pernicieux, que n’eſtoit iadis l’or de Tholoſe[BD 1], & le cheual Seian[BD 2], à ceulx qui le poſſederent. Depuys feut ledict Seigneur en repous, & les nopces de Baſché en prouerbe commun[1].


  1. L’or de Tholoſe. duquel parle Cic. lib. 3. de nat. Deorum. Aul. Gellius lib. 3. Iuſti. lib. 22. Strabo lib. 4. porta malheur à ceulx qui l’emporterent : ſcauoir eſt Q. Cepio conſul Romain, & toute ſon armée, qui tous comme ſacrileges perirent malheureuſement
  2. Le cheual Seian. de Cn. Seius. lequel porta malheur à tous ceulx qui le poſſederent. Liſez A. Gellius lib. 3. cap. 9
  1. Les nopces de Baſché en prouerbe commun. « Là dedans y a bien pis qu’aux noces de Bâché. » (D’Aubigné, Aventures du baron de Fæneſte, liv. III, c. 5.) Cette expression se trouve aussi dans Bouchet (l. I, 3e serée, p. 108, et l. III, 27e serée, p. 203). Lacurne de Sainte-Palaye cite ce dernier passage dans son glossaire. Son éditeur, qui semble n’avoir pas Rabelais fort présent, hasarde, à ce sujet, cette note étrange : « Baſché ne ſeroit-il pas pour bazoche, comme baſchea eſt pour baſilica ? »