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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/362

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le qvart livre

Vogue la gualere (diſt Panurge) tout va bien. Frere Ian ne faict rien là. Il ſe appelle frere Ian faictneant, & me reguarde icy ſuant & trauaillant pour ayder à ceſtuy home de bien Matelot premier de ce nom. Noſtre ame ho. Deux motz : mais que ie ne vos faſche. De quante eſpeſſeur ſont les ois de ceſte nauf ? Elles ſont (reſpondit le pilot) de deux bons doigtz eſpeſſes, n’ayez paour. Vertus Dieu (diſt Panurge) nous ſommes doncques continuellement à deux doigtz pres de la mort[1]. Eſt ce cy vne des neuf ioyes de mariage ? Ha noſtre ame, vous faictez bien meſurant le peril à l’aulne de paour. Ie n’en ay poinct, quand eſt de moy. Ie m’appelle Guillaume ſans paour. De couraige tant & plus. Ie ne entends couraige de brebis. Ie diz couraige de Loup, aſceurance de meurtrier. Et ne crains rien que les dangiers[2].



  1. A deux doigtz pres de la mort. Cette réponse est attribuée par Diogène Laërce au Scythe Anacharsis.
  2. Ne crains rien que les dangiers. Panurge dit encore plus loin (p. 464) : « Ie ne crains rien fors les dangiers. Ie le diz touſiours. Auſſi diſoit le Fran archier de Baignolet. »

    Ie ne craignois que les dangers.

    (Villon, Le Monologue du franc-archier)