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Comment pare frere Ian Panurge eſt declairé auoir eu
paour ſans cauſe durant l’oraige.


Chapitre XXIIII.


Bon iour Meſſieurs, diſt Panurge, bon iour treſtous. Vous vous portez bien treſtous, Dieu mercy & vous ? Vous ſoyez les bien & à propous venuz. Deſcendons. Heſpalliers hau, iectez le pontal : approche ceſtuy eſquif. Vous ayderay ie encores là ? Ie ſuys allouy & affamé de bien faire & trauailler, comme quatre bœufz. Vrayement voycy vn beau lieu, & bonnes gens. Enfans auez vous encores affaire de mon ayde ? N’eſpargnez la ſueur de mon corps, pour l’amour de Dieu. Adam, c’eſt l’home, naſquit pour labourer & trauailler, comme l’oyſeau pour voler. Noſtre Seigneur veult, entendez vous bien ? que nous mangeons noſtre pain en la ſueur de nos corps : non par rien ne faiſans, comme ce penaillon de moine que voyez, frere Ian qui boyt, & meurt de paour. Voycy beau temps. A ceſte heure congnois ie la reſponſe de Anacharſis le noble philoſophe eſtre veritable, & bien en raiſon fondee, quand il interrogé, quelle nauire ſembloit la plus ſceure, reſpondit : celle qui ſeroit on port[1].

  1. Celle qui feroit on port. Voyez pour ceci et pour ce qui suit Diogène Laërce, c. 8.