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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/397

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Comment par Pantagruel feut deſſaict le monſtrueux
Phyſetere.


Chapitre XXXIIII.


Le Phyſetere entrant dedans les brayes & angles des naufz & Guallions, iectoit ſur les premieres à pleins tonneaulx, comme ſi feuſſent les Catadupes du Nil[BD 1] en Æthiopie. Dards, Dardelles, iauelotz, eſpieux, Corſecques, Partuiſanes, voloient ſus luy de tous couſtez. Frere Ian ne ſe y eſpargnoit. Panurge mouroit de paour. L’artillerie tonnoit & fouldroyoit en Diable, & faiſoit ſon debuoir de le pinſer ſans rire. Mais peu profitoit : car les gros boulletz de fer & de bronze entrans en ſa peau ſembloient fondre à les veoir de loing, comme font les tuilles au Soleil. Allors Pantagruel conſiderant l’occaſion & neceſſité, deſploye ſes braz, & monſtre ce qu’il ſçauoit faire.

Vous dictez, & eſt eſcript, que le truant Commodus empereur de Rome, tant dextrement tiroit de l’arc, que de bien loing il paſſoit les fleches entre les doigts des ieunes enfans leuans la main en l’air, ſans aulcunement les ferir. Vous nous racontez auſſi d’un archier Indian on temps que Alexandre le grand con-

  1. Catadupes du Nil. lieu en Ætiphie, onquel le Nil tombe de haultes montaignes, en ſi horrible bruyt, que les voiſins du lieu ſont pres que tous ſours, comme eſcript Claud. Galen. L’euesque de Caramith, celuy qui en Rome feut mon precepteur en langue Arabicque m’a dict que l’on oyt ce bruyt à plus de troys iournees loing : qui eſt autant que de Paris à Tours : Voyez Ptol. Ciceron in ſom. Scipionis. Pline libr. 6. cap. 9. & Strabo