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le qvart livre

queſta Indie, lequel tant eſtoit de traire perit, que de loing il paſſoit les fleches par dedans vn anneau : quoy qu’elles feuſſent longues de troys coubtees : & feuſt le fer d’icelles tant grand & poiſant, qu’il en perſoit brancs d’aſſier, boucliers eſpoys, plaſtrons aſſerez : tout generalement qu’il touchoit, tant ferme, reſiſtant dur, & valide feuſt, que ſçauriez dire. Vous nous dictez auſſi merueilles de l’induſtrie des anciens François, les quelz à tous eſtoient en l’art ſagittaire preferez : & les quelz en chaſſe de beſtes noires & rouſſes frotoient le fer de leurs fleches auecques Ellebore : pour ce que de la venaiſon ainſi ſerue la chair plus tendre, friande, ſalubre, & delicieuſe eſtoit : cernant toutesfoys & houſtant la partie ainſi attaincte tout au tour. Vous faictez pareillement narré des Parthes, qui par darriere tiroient plus ingenieuſement, que ne faiſoient les aultres nations en face. Auſſi celebrez vous les Scythes en ceſte dexterité. De la part des quelz iadis vn Ambaſſadeur enuoyé à Darius Roy des Perſes, luy offrit vn oyſeau, vne grenoille, vne ſouriz, & cinq fleches, ſans mot dire. Interrogé que pretendoient telz preſens, & s’il auoit charge de rien dire, reſpondit que non. Dont reſtoit Darius eſtonné & hebeté en ſon entendement, ne fuſt que l’vn des ſept capitaines qui auoient occis les Mages, nommé Gobryes luy expoſa & interpreta diſant. Par ces dons & offrandes vous diſent tacitement les Scythes. Si les Perſes comme oyſeaulx ne volent au ciel, ou comme ſouriz ne ſe cachent vers le centre de la terre : ou ne ſe muſſent on profond des eſtangs & paluz, comme grenoilles, tous ſeront à perdition muis par la puiſſance & ſagettes des Scythes[1].

Le noble Pantagruel en l’art de iecter & darder

  1. Sagettes des Scythes. Ce dernier récit est traduit d’Hérodote, liv. IV, c. 131-132.