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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/415

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chapitre xxxix

plus ſont ſans comparaiſon cuiſiniers idoines & ſuffiſans, que tous genſdarmes, eſtradiotz, ſoubdars, & pietons du monde.

Vous me refraiſchiſſez la memoire, diſt Pantagruel, de ce que eſt eſcript entre les facecieuſes & ioyeuſes reſponſes de Ciceron[1]. On temps des guerres ciuiles à Rome entre Cæſar & Pompee, il eſtoit naturellement plus enclin à la part Pompeiane, quoy que de Cæſar feuſt requis & grandement fauoriſé. Vn iour entendent que les Pompeians à certaine rencontre auoient faict inſigne perte de leurs gens, voulut viſiter leur camp. En leur camp apperceut peu de force, moins de couraige, & beaucoup de deſordre. Lors præuoyant que tout iroit à mal & perdition comme depuis aduint, commença trupher & mocquer maintenant les vns, maintenant les aultres, auecques brocards aigres & picquans, comme treſbien ſçauoit le ſtyle. Quelques capitaines faiſans des bons compaignons, comme gens bien aſceurez & deliberez luy dirent. Voyez vous combien nous auons encores d’Aigles ? C’eſtoit lors la deuiſe des Romains en temps de guerre. Cela, reſpondit Ciceron, ſeroit bon & à propous, ſi guerre auiez contre les Pies. Donques veu que combatre nous fault Andouilles, vous inferez que c’eſt bataille culinaire, & voulez aux cuiſiniers vous rallier. Faictez comme l’entendez. Ie reſteray icy attendant l’iſſue de ces fanfares.

Frere Ian de ce pas va es tentes des cuiſines, & dict en toute guayeté & courtoiſie aux cuiſiniers. Enfans ie veulx huy vous tous veoir en honneur & triumphe. Par vous ſeront faictes apertiſes d’armes non encores veues de noſtre memoire. Ventre ſus ventre, ne tient on aultre compte des vaillans cuiſiniers ? Allons combatre ces paillardes Andouilles. Ie

  1. Ioyeuſes reſponſes de Ciceron. Voyez Plutarque, Apophtegmes.