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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/429

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chapitre xliii

les pluuiers, qui là ſont en abondance & viuent de meſmes diete. Ie aduiſay que ainſi comme vous Beuueurs allans par pays portez flaccons, ferrieres, & bouteilles, pareillement chaſcun à ſa ceincture portoit vn beau petit ſoufflet. Si par cas vent leurs failloit, auecques ces ioliz ſouffletz ilz en forgeoient de tout frays, par attraction & expulſion reciprocque, comme vous ſçauez que vent en eſſentiale definition n’eſt aultre choſe que air flottant & vndoyant.

En ce moment de par leur Roy nous feut faict commandement que de troys heures n’euſſions à retirer en nos nauires home ne femme du pays. Car on luy auoit robbé vne veze plene du vent propre que iadis à Vlyſſes donna le bon ronfleur Æolus[BD 1] pour guider ſa nauf en temps calme. Lequel il guardoit religieuſement, comme vn aultre Sangreal, & en gueriſſoyt pluſieurs enormes maladies : ſeulement en laſchant & elargiſſant es malades autant qu’en fauldroit pour forger vn pet virginal : c’eſt ce que les Sanctimoniales[BD 2] appellent ſonnet[1].


  1. Aeolus. Dieu des vents, ſelon les Poetes
  2. Sanctinioniales. A preſent ſont dictes Nonnains.
  1. Sonnet. « Ie n’y eus eſté longuement, que la bonne perſonne ne delaſchaſt vn gros pet de menage, Froiſſart diroit, deſcliquaſt vne dondaine, & les aſſettees, vn ſonnet. » (Du Fail, t. II, p. 99)