Aller au contenu

Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/441

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comment le Diable fut trompé par vne Vieille de
Papefiguiere.


Chapitre XLVII.


Le laboureur retournant en ſa maiſon eſtoit triſte & penſif. Sa femme tel le voyant, cuydoit qu’on l’euſt au marché deſrobbé. Mais entendent la cauſe de ſa melacholie, voyant auſſi la bourſe pleine d’argent, doulcement le reconforta : & l’aſceura que de ceſte gratelle mal aulcun de luy aduiendroit. Seulement que ſus elle il euſt à ſe poſer & repoſer. Elle auoit ia pourpenſé bonne yſſue. Pour le pis, diſoit le Laboureur, ie n’en auray qu’vne eſtraſſade ie me rendray au premier coup, & luy quitteray le champ. Rien, rien, diſt la vieille, poſez vous ſus moy, & repoſez, laiſſez moy faire. Vous m’auez dict que c’eſt vn petit Diable, ie le vous feray ſoubdain rendre, & le champ nous demourera. Si c’euſt eſté vn grand Diable, il y auroit à penſer.

Le iour de l’aſſignation eſtoit lors qu’en l’iſle nous arriuaſmes. A bonne heure du matin le Laboureur