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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/45

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chapitre v

demange. Car dorenauant eſtant quitte quelle contenence auray ie ? Croiez que ie auray mauluaiſe grace pour les premiers moys, veu que ie n’y ſuis ne nourry ne accouſtumé. I’en ay grand paour. D’aduentaige deſormais ne naiſtra ped en tout Salmiguondinoys, qui ne ayt ſon renuoy vers mon nez. Tous les peteurs du monde petans diſent. Voy la pour les quittes. Ma vie finera bien touſt, ie le præuoy. Ie vous recommande mon Epitaphe : Et mourray tout confict en pedz. Si quelque iour pour reſtaurant à faire peter les bonnes femmes, en extreme paſſion de colicque venteuſe, les medicamens ordinaires ne ſatisfont aux medicins, la momie de mon paillard & empeté corps leur fera remede præſent. En prenent tant peu que direz, elles peteront plus qu’ilz n’entendent. C’eſt pourquoy ie vous prirois voluntiers que de debtes me laiſſez quelque centurie : comme le roy Loys vnzieme iectant hors de proces Miles d’Illiers euesque de Chartres[1], feut importuné luy en laiſſer quelque vn pour ſe exercer. I’ayme mieux leur donner toute ma Cacquerolière, enſemble ma Hannetonnière : rien pourtant ne deduiſant du ſort principal. Laiſſons (diſt Pantagruel) ce propos, ie vous l’ay ia dict vne foys.


  1. Miles d’Illiers eueſque de Chartres. La réponse de cet évêque était devenue proverbiale. On la retrouve, avec quelques variantes, chez nos principaux conteurs : « Quand l’eueſque veid que ſes proces s’en alloyent ainſi à neant, il s’en vint au roy, le ſuppliant à iointes mains qu’il ne les luy oſtaſt pas tous, & qu’il luy pleuſt au moins luy en laiſſer vne douzaine des plus beaux & des meilleurs pour s’eſbatre. » (Bonaventure des Periers, Nouvelle 34). « Ce roy le voulant depeſtrer d’vne infinité de proces, il le ſupplia fort affectueuſement de luy en laiſſer au moins vingt cinq ou trente pour ſes menus plaiſirs. » (Henri Eſtienne, Apologie pour Hérodote, c. 17, t. I, p. 362)