Aller au contenu

Page:Rabelais marty-laveaux 03.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
prologve dv qvart livre

la ville, requerant luy eſtre donnée audience, pour certain negoce concernant le bien public. A ſa requeſte fut ſilence faict en expectation d’entendre choſes d’importance, veu qu’il eſtoit au conſeil venu, qui tant d’années au parauant s’eſtoit abſenté de toutes compagnies, & viuoit en ſon priué. Adonc leur diſt : Hors mon Iardin ſecret deſſoubz le mur eſt vn ample, beau, & inſigne figuier, auquel vous autres meſſieurs les Atheniens deſeſperez hommes, femmes, iouuenceaux & pucelles, auez de couſtume à l’eſcart vous pendre & eſtrangler. Ie vous aduerty, que pour accommoder ma maiſon, ie deliberé dedans huictaine demolir iceluy figuier : pourtant quiconques de vous autres & de toute la ville aura à ſe pendre, s’en depeſche promptement : le terme ſuſdict expiré n’auront lieu tant apte, ne arbre tant commode. A ſon exemple ie denonce à ces calumniateurs diaboliques, que tous ayent à ſe pendre dedans le dernier chanteau de ceſte lune. Ie les fourniray de licolz. Lieu pour ſe pendre ie leur aſſigne entre midy & faueroles. La Lune renouuellee, ilz n’y ſeront receuz à ſi bon marché, & ſeront contrainctz eulx meſmes à leurs deſpens achapter cordeaux, & choiſir arbre pour pendaige[1] : comme feiſt la ſeignore Leontium, calumniatrice du tant docte & eloquent Theophraſte.


  1. Choiſir arbre pour pendaige. Allusion à ce passage de la préface de Pline : « Ceu vero nesciam, adversus Theophrastum, hominem in eloquentia tantum ut nomen divinum inde invenerit, scripsisse etiam feminam, et proverbium inde natuna suspendio arborem eligendi. »