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Page:Rabelais marty-laveaux 03.djvu/286

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epistre dv lymosin

Que l’œil qui l’a abſenté d’vn ſeul iour,
Tout eſgaré ſe trouue à ſon retour :
Penſant à veoir vn nouuel edifice,
Dont la matiere eſt plus que l’artifice.
Or (pour redir au premier propoſite)
Il n’eſt decent que tu te diſpoſite,
Tant que l’hiberne aura ſon curſe integre,
De relinquer l’opime, pour le maigre.
Puis que bien ſtas (grâce au ſouuerain Ioue)
Nous t’exhortons que de là ne te moue,
Si tu ne veux veoir tes aures vitales
Bien toſt voller aux Parques, & Fatales :
Car ceſt air eſt inimice mortel
D’vn iouuenceau delicat & tenel :
Meſme en ce temps glacial, qui transfere
La couleur blonde en nigre & mortifere.
Eſtans incluz es laques, & nemores :
A peine auons pour pedes, & femores
Callifier, vn pauure faſcicule.
Concluſion, tout aiſe nous recule.
Et ſi n’eſtoit quelque proximité,
Que nous auons à la grande cité,
Où nous pouuons aller aliques vices,
Pour incomber aux iucunds ſacrifices
De Genius le grand Dieu de nature :
Et de Venus (qui eſt ſa nourriture)
De reſter vifz nous ſeroit impoſſible
Vn hebdomade : ou bien ſain, & habile
Seroit celuy qui pourroit eſchapper.
Que febre à coup ne le vint atrapper.
Voy par cela, quelle eſt la difference
Du tien ſeiour en mondaine plaiſance,
Et de la vie amere & cruciée
Que nous menons : touſiours aſſociée