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Page:Rabelais marty-laveaux 03.djvu/285

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epistre dv lymosin

Depuis le temps que nous as abſentez,
Ne ſommes point des Eques deſmontez :
Ne le Cothurne eſt moué des tibies,
Pour conculquer les Burgades patries,
Où l’itinere aſpere, & montueux,
En aucuns lieux aqueux, & lutueux,
Souuent nous a fatiguez & laſſés,
Sans les vrens receptz qu’auons paſſés.
Ie ne veulx point tant de verbes effundre.
Et de noz maux ton auricule obtundre :
Enumerant les conflicts Martiaulx,
Obſidions, & les cruelz aſſaulx,
Qu’en Burgundie auons faits & gerez.
I’obmets auſſi les trauaux tolerez
Dans les maretz du monſtier enuieux,
Que nous faiſoit l’aquilon pluuieux :
Où par long temps ſans caſtre, ne tentoire
Auons eſté, deſperans la victoire.
Finalement pour la brume rigente,
Chacun du lieu ſe depart, & abſente.
Auſſi, voyant la maieſté Regale,
Qu’appropinquoit la frigore hybernale.
Et que n’eſtoit le Dieu Mars de ſaiſon :
S’eſt retirée en ſa noble maiſon,
Et eſt venue au palays delectable
Fontainebleau, qui n’a point ſon ſemblable,
Et ne ſe voit qu’en admiration
De tous humains. Le ſuperbe Ilion,
Dont la memoire eſt touſiours demouree,
Ne du cruel Neron la caſe auree,
Et dé Diane en Epheſe le temple,
Ne furent oncq’pour approcher d’exemple
De ceſtuy-cy. Bien eſt vray qu’autresfois
L’as aſſés veu : Si eſt-ce toutesfois,