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Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/165

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— Et si je rencontre ses frères ? demandait Louise tout émue.

— Tu n’as qu’à te retirer… ce sont des polissons et tu n’as pas à t’en occuper… ce ne serait pas de mise… sans moi. Mais tu ne les y trouveras jamais, elle ne les aime guère, m’a-t-il paru.

De son côté, le père Tranet, après une tirade contre les aristocrates et les hôtels des cocottes, remeublés ou non, jubilait de se sentir de la petite fête. On ne manquait pas de lui offrir un verre de fine champagne, un doigt de madère pour sucer un biscuit, et il parlait de perfectionner le ciel de lit lumineux afin de l’adapter plus solidement dans cette demeure hospitalière. Quant au docteur Rampon, il bougonnait tout bas… « Les Parisiennes, des machines à plaisir ! Ainsi, Louise n’aura pas d’enfant ! Ah ! bien oui, tout est trop étroit chez elle… ni hanches, ni bassin… C’est le dépeuplement complet de la France, quoi ! »

Louis, ce matin d’hiver, était arrivé, dès son café bu. Il prétextait maintenant l’innocente débauche d’un café dégusté dehors pour gagner, le long de la promenade, la maison de marbre, comme on l’appelait. Il faisait un froid piquant, il n’était pas fâché de se dégourdir un peu ; ensuite, les voyageurs et les pourvoyeurs n’abondaient pas, le moment des coupes était passé : quel mal y avait-il de pousser jusque chez la dame de Paris ? Et Louis s’était machinalement installé dans un des crapauds de peluche vert myrte, en face de la Sapho menaçante.

— Savez-vous, monsieur Bartau, dit l’énigmatique femme qui souriait de son sourire doux, savez-vous que, pour un jeune marié,