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Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/219

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siècle, auteurs dont elle lui expliquait toutes les puissantes folies.

— Si tu me trahissais… je te tuerais, ma chérie… je ne veux pas que tu te moques de moi.

— Et si j’étais ta femme légitime, ta Louise ?…

— Je te pardonnerais ! Je t’aurais poussée à la faute en t’oubliant et en ne sachant pas t’aimer : donc, ce serait moi qui serais punissable.

— Comment, Louis, tu pardonnerais à ta femme de te tromper ?

— Oui, mais je divorcerais : je n’aime pas les situations fausses. Elle épouserait celui qu’elle aimerait ; moi… je resterais ton esclave, Marcelle, toute la vie…

— Charmante, la perspective… tu ne m’épouserais pas ?

Il se tut, appuyant la pointe du poignard sur le bout de son doigt.

— Allons ! reprit Marcelle, tu te fais plus philosophe que tu ne l’es en réalité… je voudrais te mettre devant ce spectacle-là… ta femme et son amant… et je suis convaincue que tu ne divorcerais pas quand même. Tu l’aimes toujours.

Louis se redressa.

— Pourquoi me torturer ainsi, Marcelle ? Nous ne sommes pas libres de nous aimer, cependant nous nous voyons presque toutes les semaines. Je suis heureux, je marche comme dans un songe très doux… ne me réveille pas, cruelle ! Ma femme ne peut pas me tromper, elle ne voit aucun homme, tu as sa confiance, elle te l’avouerait… Maintenant, une fois pour toutes, ne me reproche pas ma pitié pour