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Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/220

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Louise, elle a eu mon premier amour, cela ne s’efface jamais.

Ce soir-là, Marcelle, capricieuse, le renvoya sans l’embrasser, elle était fort préoccupée. Ce mariage ridicule lui avait donné sur les nerfs, lui déclara-t-elle, quand il se retourna au seuil du salon, guettant un dernier sourire.

Le lendemain soir, Louise prit la place de son mari, et Marcel Carini celle de Mme Désambres. Ce furent des gaietés irrévérencieuses à n’en plus finir. Marcel, beaucoup plus railleur que sa sœur, détaillait crûment tout ce qui allait se passer dans cette bizarre nuit de noces.

— Je suis invité, ajoutait le jeune sculpteur, mais je ne viendrai que vers minuit quand tout le monde sera dehors. Ton mari dormira seul au fond de sa maison déserte, les vieux pendront leur crémaillère à leur aise, nous… nous laisserons la chambre à coucher pour ma sœur qui, je t’en réponds, ne se réveillera pas… Oh ! mignonne Louise… je te veux toute à moi, car tu ignores bien des choses dans notre amour… le jour n’est pas éloigné, je pense, où nous serons plus unis encore… je te connais, mais, pauvre chérie, tu ne me connais guère… la peur d’être surpris fait que je suis condamné à des précautions qui me navrent… Ne serais-tu pas plus heureuse de me sentir tout, absolument tout tien ?

Louise rougissait, détournant sa jolie tête blonde. La pudeur lui interdisait des questions qui hantaient souvent son pauvre cerveau bouleversé, sans trouver une réponse convenable, elle se jeta dans ses bras…

Le grotesque mariage se célébra au mois de