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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/110

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sures pour sa sûreté. Il étoit si étrange qu’il la fît sortir du château, qu’elle n’attribuoit cette conduite qu’au dessein d’exécuter quelque nouveau projet de vengeance, ainsi qu’il l’en avoit menacée. Le moment d’après, elle se trouvoit si heureuse de quitter le château d’Udolphe, de quelque manière que ce fût, qu’elle étoit prête à s’en réjouir et à mieux espérer. Mais tout à coup la probabilité d’avoir Valancourt si près d’elle, rendoit à son esprit sa tristesse et ses regrets. Elle désiroit plus ardemment que jamais, que sa voix ne fût pas celle qu’elle avoit entendue.

Carlo la fit souvenir qu’elle avoit peu de temps à perdre, et que l’ennemi étoit déjà à la vue du château. Emilie le pria de lui dire en quel lieu on devoit la conduire. Il hésita un peu, et lui dit qu’il n’avoit pas d’ordre pour le lui annoncer. Mais elle renouvela la question, et il lui répondit qu’il croyoit qu’elle alloit en Toscane.

En Toscane ! s’écria Emilie ; et pourquoi dans ce pays ?

Carlo lui répondit qu’il n’en savoit pas davantage ; qu’elle alloit être menée, sur les frontières de Toscane, dans une chaumière, aux pieds des Apennins. — Il n’y a pas, dit-il, pour une journée de marche.