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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/116

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bre l’enveloppoit. Les montagnes, dans un tournant, dérobèrent Udolphe à la vue d’Emilie, elle la porta avec regret sur des objets tout diiférens ; le sifflement monotone des vents à travers les sapins, qui se balançaient au-dessus des précipices, le bruissement sourd des torrens éloignés, accompagnoient ses rêveries, et conspiroient, avec le désert qu’elle traversoit, à la remplir d’une émotion profonde. Cette disposition n’étoit pas sans quelque douceur ; mais les coups répétés du canon, qui se prolongeoient dans les montagnes et que répétoient les échos, l’interrompoient à tout moment ; ce bruit apporté par les vents retentissoit toujours plus foiblement, et se perdoit en un murmure confus ; c’étoit la preuve que l’ennemi étoit près de la place, et Emilie trembla pour Valancourt. Elle tourna ses regards inquiets du côté où se trouvoit le château, les hauteurs intermédiaires le cachoient à sa vue ; elle reconnut pourtant le sommet à pic d’une montagne qu’elle découvroit de sa chambre ; elle y fixa ses regards comme si elle eût pu en apprendre ce qui se passoit en face. Les guides lui rappelèrent deux fois qu’elle perdoit du temps, et que la route étoit longue. Emilie ne pouvoit s’arracher à cet intéressant