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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/117

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objets après même qu’elle eut repris la marche, elle regardoit souvent derrière elle, jusqu’au moment où les pointes, bleues, éclairées par le soleil, commencèrent à briller par-dessus les montagnes.

Le bruit du canon affectait Ugo, comme le son de la trompette excite un cheval de guerre ; son âme s’enflammoit, il brûloit de voler au combat, et maudissoit Montoni qui l’avoit envoyé si loin. Les sentimens de son compagnon paroissoient d’une autre nature, et bien plus faits pour la cruauté que pour les dangers de la guerre.

Emilie faisoit de fréquentes questions sur le lieu de sa destination : tout ce qu’elle put apprendre, c’est qu’elle alloit à une chaumière en Toscane ; et toutes les fois qu’elle en parloit, elle croyoit découvrir sur la figure de ces deux hommes, une expression de malice et de finesse dont elle se sentoit alarmée.

C’étoit durant l’après-midi qu’ils étoient sortis du château. On voyagea pendant plusieurs heures à travers des régions d’une profonde solitude ; ni le bêlement des brebis, ni l’aboiement des chiens, ne rompoient l’absolu silence, et alors on étoit trop loin pour saisir le bruit du canon. Vers le soir on s’enfonça parmi les précipices,