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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/195

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vous auroit écrit s’il avoit de l’encre et du papier. Il alloit me charger d’un long message, quand la sentinelle est rentrée. Mais il m’avoit donné ceci. Ludovico tira de son sein une miniature. Emilie la reçut d’une main tremblante, et reconnut son propre portrait, le même que sa mère avoit perdu d’une manière si singulière, dans la pêcherie, à la Vallée.

Des larmes de joie et de tendresse coulèrent de ses yeux. Ludovico continua : — Dites à votre maîtresse, m’a-t-il dit en me donnant ce portrait, que cet objet a été le compagnon et la seule consolation de mes malheurs. Dites-lui que je l’ai toujours porté sur mon cœur, et que je le lui envoie comme le gage d’une affection qui ne finira jamais : le monde entier ne m’en sépareroit pas. C’est pour elle seule que je l’abandonne, et dans l’unique espoir de le recevoir bientôt de sa main. Dites-lui… À ce moment, signora, la sentinelle entra. Le prisonnier n’en dit pas davantage. Mais il m’avoit prié auparavant de lui procurer une entrevue avec vous. Je lui avois représenté combien il me paroissoit difficile d’y faire consentir son garde. Il avoit répondu que cela étoit peut-être moins difficile que je ne pensois ; et que si je lui rapportois votre ré-