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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/39

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Montoni, Emilie reprit du courage. Elle s’approcha du lit, qui se trouvoit au bout ; elle ouvrit les rideaux ; elle y trouva une figure maigre et pâle ; elle tressaillit ; elle avança, et prit en frémissant la main que tendoit le squelette. Elle quitta ensuite cette main, et considéra le visage avec des regards incertains : c’étoit madame Montoni, mais à tel point défigurée, qu’à peine ses traits actuels donnoient-ils le souvenir de ce qu’elle avoit été. Elle vivoit encore ; et levant les yeux, elle les tourna sur sa nièce.

Où avez-vous donc été si long-temps ? dit-elle du même son de voix. Je pensois que vous m’aviez abandonnée.

Vivez-vous, dit enfin Emilie, ou bien n’est-ce qu’une apparition ? Elle ne reçut aucune réponse, reprit sa main, et s’écria : C’est un corps, mais il est froid, il est froid comme du marbre. Elle la laissa retomber. Oh ! si réellement vous vivez, parlez-moi, reprit Emilie avec l’accent du désespoir. Ne me laissez pas perdre mes sens, dites que vous me reconnoissez.

Je vis, lui dit madame Montoni ; mais je sens que je vais mourir.

Emilie lui saisit la main, et la pressa en gémissant. Elles furent quelque temps en silence. Emilie tâcha de la consoler, et lui