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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/74

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avec complaisance aux souffrances dont on la menaçoit. Elle alla chercher la place que sa tante avoit indiquée pour le dépôt des papiers relatifs à ses biens ; elle les trouva comme on le lui avoit marqué. Mais comme elle ne connoissoit pas un lieu plus sûr pour les cacher, elle les remit sans examen, et craignit de se laisser surprendre, si elle essayoit de les lire.

Retournée dans sa solitude, elle réfléchit aux paroles de Montoni et aux risques qu’elle courroit en s’opposant à sa volonté. Son pouvoir, en ce moment, lui parut moins terrible qu’il ne l’avoit encore été. Un orgueil sacré pénétroit alors son cœur ; il lui apprenoit à s’élever contre l’oppression de l’injustice, à se glorifier presque dans une résignation tranquille, puisque l’intérêt de Valancourt seroit le principe de son courage. Elle sentit pour la première fois sa supériorité sur Montoni lui-même, et méprisa l’autorité que jusqu’alors elle avoit redoutée.

Pendant qu’elle méditoit, un éclat de rire s’éleva de la terrasse ; et allant à la fenêtre, elle vit avec une surprise inexprimable trois dames, parées à la mode de Venise, qui se promenoient avec plusieurs cavaliers ; elle regardoit avec un étonnement