Aller au contenu

Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui la retint à la fenêtre sans qu’elle songeât qu’on pourrait la remarquer. Lorsque le groupe passa au-dessous, une des étrangères leva la tête. Emilie aperçut les traits de la signora Livona, dont les manières l’avoient tant séduite le jour d’après son arrivée à Venise, et qui, ce même jour, avoit été admise à la table de Montoni. Cette découverte causa à Emilie une joie mêlée de quelqu’incertitude ; c’étoit un sujet de satisfaction que de voir une personne aussi aimable que le paroissoit la signora Livona, dans le lieu même qu’elle habitoit. Néanmoins, à son arrivée au château dans une circonstance semblable, au genre de sa parure, qui n’annonçoit pas qu’on l’y forçât, il s’élevoit un soupçon pénible sur ses principes et sur son caractère ; mais cette pensée révoltoit si fort Emilie, dont la séduisante signora avoit gagné les affections, qu’elle aima mieux ne songer qu’à ses grâces, et bannit presqu’entièrement tout le reste de sa pensée.

Lorsqu’Annette entra dans sa chambre, elle lui fit des questions sur l’arrivée des étrangères. Annexe étoit aussi empressée de répondre qu’Emilie elle-même de savoir.

— Elles sont venues de Venise, mademoi-