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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/79

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mement, et lui parut une conséquence de la dernière conduite tenue par Montoni.

En écoutant, elle crut qu’elle distinguoit différentes voix de femmes mêlées avec les autres ; cette découverte confirma ses soupçons sur Livona et ses compagnes : il étoit évident que ce n’étoit pas de force qu’elles se trouvoient dans le château. Emilie se voyoit dans les sauvages retraites des Apennins, entourée par des hommes qu’elle regardoit comme des brigands, et au milieu d’un théâtre de vices qui la faisoit frémir d’horreur. À ce moment, le présent et l’avenir se développèrent à son imagination ; l’image de Valancourt perdit son influence, et la crainte ébranla toutes ses résolutions : elle pensa qu’elle comprenoit toutes les horreurs que Montoni préparoit contre elle, et trembla de la vengeance à laquelle il pourroit se livrer sans remords. Elle se décida presqu’à lui céder les propriétés contestées, s’il l’en sommoit encore, et à racheter ainsi sa sûreté et sa liberté ; mais alors le souvenir de Valancourt revenoit déchirer son âme, et la replonger dans les angoisses du doute.

Elle continua sa promenade jusqu’à ce que les ombres du soir eussent répandu leur obscurité incertaine sur les vitrages colorés