Aller au contenu

Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et misérables ; sous la menace de ces foudroyantes paroles : « s’il s’abaisse je le vante, s’il se vante je l’abaisse », nous sommes agités et troublés, ne sachant plus ce que nous devons penser de nous-mêmes, et attendant avec anxiété le mot de l’énigme ! Comme, dans une telle disposition d’esprit, une dissertation nécessairement froide et calme, sur le peuple juif, la révélation, les prophètes et les miracles viendrait mal à propos ! Pascal abandonnerait le champ de bataille après avoir remporté la plus glorieuse victoire ; il briserait l’épée à deux tranchants qui vient de lui servir à prosterner ses adversaires à ses pieds pour recourir à la pesante armure de l’apologie ordinaire.

Avant de prêter une pareille inconséquence à un tel homme, il faut absolument y être forcé, et ce n’est pas ici le cas. Le plan que nous proposons est de tout point conforme à l’esprit de son ouvrage. Après avoir humilié l’homme en lui montrant sa grandeur et sa misère, Pascal lui donne le coup de grâce en lui arrachant un aveu de chute. La première partie est donc terminée, et incontinent il lui montre dans la personne de Jésus-Christ le réparateur par l’Ecriture. À cet homme, qui s’avoue pécheur et misérable, l’apologète chrétien montre le nouvel Adam, qui seul peut le délier de la puissance du mal parce qu’il fut sans péché, réalisa l’idéal de l’humanité et mourut pour nous. L’auteur des Provinciales et des Pensées, le plus éloquent des écrivains, n’aurait pas renoncé à cette transition à la fois si logique et si saisissante pour tomber dans la plus grande des inconséquences.[1]

M. Astié a raison de nous présenter cette nouvelle façon de relier l’une à l’autre les deux par-

  1. Préface, p. 31-34.