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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/230

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ments qu’il fait valoir. C’est elle-même qu’il appelle à témoigner dans sa propre cause. Ce sont les prophètes qui plaident en faveur des apôtres, ou les apôtres qui plaident en faveur des prophètes. M. Renan se place à un tout autre point de vue. Les progrès qu’a faits depuis deux siècles l’étude de l’histoire, prise dans son acception la plus vaste, appliquée aux langues, aux littératures, aux mœurs, aux religions, aux destinées politiques des peuples, lui permettent de dominer son sujet de beaucoup plus haut, n a étudié plusieurs religions diverses, et il a consciencieusement suivi les phases de leur développement. Ce sont autant de faits du même ordre qu’il approfondit et qu’il compare. Il les explique les uns par les autres. En les rapprochant, il se met à même de les comprendre, de les classer et d’atteindre enfin à des résultats généraux.

Supposons que tous les résultats auxquels aboutit M. Renan soient erronés ; il n’en serait pas moins vrai que sa méthode est supérieure à celle de Pascal. De même que l’étude d’une plante ne suffit pas pour connaître à fond la nature de la plante, l’étude d’une religion ne fournit pas à la critique des données suffisantes pour asseoir un jugement et proclamer un résultat. Pascal ne pouvait pas se livrer à une étude comparative, et, l’eût-il essayé, il n’y aurait pas réussi. Le seul fait que la critique moderne est en mesure d’aborder ce nouveau travail avec quelques