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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/24

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C’est la charge de prédicateur que Calvin refuse. Toujours préoccupé de ses études, il ne veut rester à Genève que pour y professer la théologie ; mais il se verra bientôt entraîné par une nécessité plus forte que lui, et il faudra bien, malgré qu’il en ait, qu’il descende aussi dans l’arène et qu’il devienne prédicateur. Ainsi cet homme peu fait pour le monde, qui avait toujours aimé l’ombre et le repos, mais qui ne savait pas reculer devant le devoir, se trouvera placé, comme de vive force, à la tête d’une des Églises réformées les plus importantes et deviendra le chef d’un grand parti :

Dieu, dit-il, m’a conduit en telle sorte, par divers détours, que jamais il ne m’a permis de me reposer, tant que, contre mon génie, j’ai été tiré en une pleine lumière.

On a beaucoup admiré l’habileté de Calvin choisissant Genève pour le centre de ses opérations, et se préparant à diriger de là les efforts combinés du protestantisme. Si habileté il y a, c’est au hasard ou à la Providence qu’il en faut faire hommage. Calvin n’a rien calculé, il n’a rien prévu ; il a tout fait pour éviter la mission qui lui était réservée ; mais après l’avoir acceptée, il a aussi tout fait pour la remplir. C’est toujours l’homme du devoir. Son premier pas dans la carrière qui doit le conduire à la gloire et à la puissance, son premier pas est un sacrifice.

Calvin s’établit donc à Genève. Avant de l’y voir