Aller au contenu

Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

portent aucune atteinte à la majesté de la loi. La postérité est un juge aussi. La loi qu’elle applique aux œuvres de la pensée et de l'art est tout simplement la loi du bon sens. Suffira-t-il de quelque méprise pour nous faire douter du bon sens ?

Cette question est précisément celle que pose la Comédie de M. Stapfer, et quand on en a vu le dénouement, on se trouve à peu près dans la position d’un homme qui, se sentant pris de vertige, chercherait un appui de la main et ne rencontrerait que le vide. Préceptes de la rhétorique commune, hautes théories de l’esthétique savante, règles du goût, principes de l’art, intuitions du bon sens, autorité des jugements unanimes : tous ces garants de la critique littéraire viennent tour à tour jouer leur personnage devant nous, et il n’en est pas un qui ne fasse un petit personnage. Il n’a manqué à M. Stapfer que d’avoir l’esprit porté au noir pour que sa comédie devînt une de ces tragédies parfaites, dont le dénouement consiste dans la mort de tous les héros ; mais il est de ceux qui savent rire de leurs mécomptes, et cette boucherie universelle s’est transformée en une déroute générale.

Il faut une scène à toute comédie. C’est pourquoi M. Stapfer s’est confiné dans une question particulière. Molière lui a servi d’exemple. Mais cet exemple est assez considérable pour qu’on en puisse tirer des conclusions générales, d’autant plus que Molière