Aller au contenu

Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne se laisse point séparer des grands comiques, ses confrères, Aristophane, Ménandre, Shakespeare, Cervantes. Voyons donc le procès de Molière, et apprenons de cet exemple ce que vaut la critique littéraire et les autorités qu’elle invoque.

Quiconque a fait ses premières études dans un collège de langue française, a débuté, en littérature, par l’inévitable et respectable Boileau. Notre enfance, à tous, a grandi sous sa férule, et c’est lui qui, le premier, nous a appris ce qu’il fallait penser de Molière.

Etudiez la cour, et connaissez la ville ;
L’une et l’autre est toujours en modèles fertile.
C’est par là que Molière, illustrant ses écrits,
Peut-être de son art eût remporté le prix,
Si, moins ami du peuple en ses doctes peintures,
Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures,
Quitté, pour le bouffon, l’agréable et le fin,
Et sans honte à Térence allié Tabarin.
Dans ce sac ridicule où Scapin l’enveloppe,[1]
Je ne reconnais plus l’auteur du Misanthrope.

Voilà sur Molière notre première impression critique. Quelques citations empruntées aux classiques du XVIIe siècle contribuent à la graver dans notre

  1. L’enveloppe et non pas s’enveloppe, comme on lit encore dans la plupart des éditions et comme dit M. Stapfer. Molière jouait dans les Fourberies de Scapin le rôle de Géronte et Scapin l’enveloppait dans le sac.