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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/368

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dont les principaux chefs sont en France, et qui se préoccupe beaucoup moins de ranger les auteurs dans l’ordre de leur mérite que de les étudier de très près, en se pénétrant de l’esprit de l’époque et de la société où ils ont vécu. On l’appelle l’école historique.

M. Villemain, dont les journaux viennent de nous annoncer la mort, a ouvert à la France cette voie nouvelle, où lui-même il ne s’est engagé qu’avec prudence. Il était trop français de nature, il poussait trop loin cet esprit de finesse qui fait le charme particulier des bons écrivains de son pays, pour jamais se défaire entièrement de l’illusion du goût « perfectionné » ; mais il avait appris de Mme de Staël qu’il y a dans le monde une littérature allemande ; celle de l’Angleterre lui était familière, et il avait d’ailleurs l’intelligence trop ouverte pour ne pas sentir l’insuffisance des règles traditionnelles, qu’une critique étroite voulait appliquer à toutes les productions de l’esprit humain, sans tenir compte de la différence des temps et des lieux. Étudiant Voltaire et la poésie du XVIIIe siècle, il ne se fatigua pas à démontrer, après Laharpe, l’excellence d’un poëte, qui déjà ne répondait plus aux besoins des générations nouvelles ; il vit en lui une des manifestations du génie de l’époque et s’en servit pour la peindre. Le succès fut grand, succès non de talent seulement, mais de nouveauté ; on comprit que la critique littéraire était